• Homélie 11 septembre 2013

    Homélie du 11 septembre 2013

     

    Montgesty

     

    S. Jean-Gabriel Perboyre

     

    Homélie 11 septembre 2013

     

     

     

    Le désir du martyre

     

     

    Qui a envie de mourir martyr ? Jean-Gabriel Perboyre n’a pas seulement subi le martyre, il l’a ardemment désiré. Il l’a dit à de nombreuses reprises avant de partir pour la Chine : « Priez Dieu pour que je meure martyr ! ». Le 11 septembre 1840, au terme d’un an de captivité et d’outrages, le rêve de Jean-Gabriel se réalise : il est mis à mort comme un criminel à cause de sa fidélité au Christ. Son supérieur fit ce commentaire : « Je n’ai pas [eu] le bonheur d’être exposé au même sort. Le Bon Dieu ne m’a pas jugé digne du martyre. [M. Perboyre] le méritait plus que moi. »

     

    Hasard du calendrier ? Un autre 11 septembre, 160 ans plus tard, une série d’attentats terroristes aux Etats-Unis provoque la mort de près de 3000 personnes. Les auteurs de ces actes se définissent eux-mêmes comme des « martyrs ». Leur chef Oussama Ben Laden déclare : « Louange à Dieu ! Il [leur] a permis de détruire les Etats-Unis. Je lui demande de leur accorder le paradis. »

     

    Jean-Gabriel Perboyre désirait le martyre, les terroristes d’al-Qaida aussi. Cela veut-il dire que notre saint était une sorte de fanatique religieux, un missionnaire idéologue et exalté ? Frères et sœurs, je vous en prie, ne confondons pas S. Jean-Gabriel et Ben Laden ! Les martyrs chrétiens ne sont pas des fanatiques. D’ailleurs, je pense qu’il n’y a pas beaucoup de terroristes à Montgesty…

     

    Les vrais martyrs, comme S. Jean-Gabriel, ne cherchent pas la mort, mais ils l’acceptent quand elle se présente pour que les autres aient la vie sauve. Ils imitent Jésus jusqu’au bout, lui qui a donné sa vie pour nous arracher à la mort. A l’inverse, les terroristes sont de faux martyrs parce qu’ils veulent la mort des autres pour obtenir le paradis pour eux seuls. En réalité, les auteurs d’attentats suicides ne méritent pas le beau nom de « martyrs ».

     

    S. Jean-Gabriel n’était pas un fanatique. Et pourtant, reconnaissons que nous ne sommes pas très à l’aise avec son attrait pour le martyre. Un homme si jeune qui veut mourir comme le Christ, quelle drôle d’idée ! Nous n’avons pas très envie de mourir pour notre religion. Nous n’avons pas le désir du martyre. Peut-être parce que nous préférons un christianisme garanti sans danger ! Sans danger pour notre santé, sans danger pour notre réputation ou pour notre carrière. Un christianisme domestique et confortable. Autrement dit un christianisme sans martyr.

     

    Pourtant dans l’évangile Jésus nous donne cet avertissement : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera ». Jean-Gabriel Perboyre a aimé Jésus jusqu’à désirer « perdre sa vie pour lui ». Ce saint n’est pas un cas un peu exotique sans aucun rapport avec notre vie ordinaire. Ce n’est pas seulement une statue qui décore nos églises du Lot – et bientôt la basilique de Rocamadour ! S. Jean-Gabriel est un modèle pour tous les chrétiens. Il voulait donner sa vie, parce qu’être chrétien c’est imiter Jésus, et que Jésus a donné sa vie. Il aimait la croix de Jésus et voulait la faire aimer.

     

    Frères et sœurs, on peut devenir saint sans la grâce du martyre sanglant, mais pas sans la croix du Christ. Seul l’amour peut nous conduire au Ciel. Et la croix, c’est l’Amour avec un grand A, l’Amour total, l’Amour sans mesure, l’Amour plus fort que la mort, l’Amour de Dieu qui se donne sans réserve. Les chrétiens aiment la croix parce qu’ils savent que Dieu les a aimés jusqu’à s’y laisser clouer. Est-ce que vous aimez la croix de Jésus ? Est-ce que vous la tracez sur vous avec respect ? Est-ce que vous l’embrassez dans votre maison ? Est-ce que vous la prenez sur votre cœur ? Aimer la croix, c’est aussi rester fidèle au Crucifié. C’est confesser la foi catholique avec courage. N’ayons pas peur de la contradiction, n’ayons pas peur de répondre à ceux qui se moquent du Christ et de l’Eglise. Il est si facile d’avoir honte de Jésus et de le renier… mais l’Esprit Saint que nous avons tous reçu nous rend capables de témoigner, toujours avec douceur et humilité.

     

    « Celui qui veut marcher à ma suite, dit Jésus, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Etre chrétien, ce n’est pas seulement aimer la croix de Jésus, c’est aussi aimer sa propre croix, celle qui pèse concrètement sur nos épaules. Trop souvent la souffrance nous fait douter de Dieu. Pourtant en regardant le crucifix, nous voyons que nous ne serons jamais seuls dans la souffrance. Jésus nous précède dans nos épreuves. Il est descendu encore plus bas que nous pour nous soutenir et nous élever. Si bien que je peux vous dire avec le Curé d’Ars : « c’est la croix qui te porte, ce n’est pas toi qui la portes ». Jésus nous donne sa patience et son amour dans les épreuves. Et avec lui, unis à l’amour débordant de son Cœur, nous pouvons offrir nos peines pour le salut des autres.

     

    Oui, S. Jean-Gabriel Perboyre désirait le martyre, il aimait la croix de Jésus et il a porté sa croix. Il est resté fidèle jusqu’au bout parce qu’il était prêt à donner sa vie, parce qu’il donnait déjà sa vie. Frères et sœurs, dans notre riche Occident, nous ne manquons de raisons de vivre. Mais avons-nous des raisons de donner notre vie ? Notre vie est-elle vraiment donnée ? Pas prêtée, pas négociée, pas calculée… donnée ! Si oui, alors nous donnerons la vie aux générations suivantes, nous leur donnerons la foi. Car il faut être prêt à donner sa vie pour donner la vie. Comme la maman de S. Jean-Gabriel qui s’écria à l’annonce de la mort de son enfant : « Pourquoi devrais-je hésiter à faire à Dieu le sacrifice de mon fils ? La Sainte Vierge n’a pas hésité à faire le sacrifice du sien pour notre salut. » Dans quelques jours nous fêterons la Croix glorieuse, puis Notre-Dame des douleurs. Disons-lui cette prière : « Ô Marie, pour que notre vie soit donnée par amour, mettez dans nos cœurs le désir du martyre. » Amen.

     

     

     

    Abbé Jean-Malo de Beaufort +

     

     

     

     


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